Les contes interdits : nous n'en parlerons pas

 
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22 novembre 2017

On parle souvent de censure quand il est question de littérature jeunesse, mais si les termes « Young Adult » et « New adult » sont de plus en plus souvent appliqués sur des livres autrefois simplement dits « ados » pour prévenir de la présence de violence ou de sexualité. Si, chez Sophielit.ca, on est contre toute forme de censure (d’ailleurs on adoooore le prix Espiègle), on se pose parfois des questions devant ce qui est publié. À un certain point, est-ce qu’on tombe simplement dans le sensationnalisme ? Geneviève s’est justement sentie interpelée par la question en découvrant une nouvelle collection…

Texte écrit par Geneviève Bossé

Les contes, qu’ils aient été écrits par les frères Grimm, par Charles Perrault ou Fred Pellerin, bercent l’imaginaire de millions de jeunes lecteurs, mais peuvent aussi les suivre à l’adolescence malgré la pluralité des genres littéraires offerts sur le marché. Mais comme ils sont aussi souvent en recherche de plus d’émotions fortes, certaines maisons d’édition ont vu là une occasion à saisir.

Il y a quelques semaines, la maison d’éditions ADA a fait paraitre une série de quatre romans intitulés Les Contes interdits. Curieuse, j’ai voulu constater de quelle façon Blanche-Neige, Les trois petits cochons, Peter Pan et Hansel et Gretel allaient être adaptés. L’adjectif « interdit » laisse sous-entendre qu’une ligne sera peut-être franchie par les auteurs. Malheureusement, cette ligne a, selon moi, dépassé les limites du bon gout et c’est pour cette raison que j’ai décidé de ne pas écrire de billet au sujet d’Hansel et Gretel, ma première lecture de ces contes interdits.

Dès les premières pages, le ton est donné. Le vocabulaire utilisé pour décrire la scène où une fillette est victime de viol est vulgaire et inapproprié. La douleur et la colère reliées à ce genre de drame sont bien assez importantes sans qu’on y ajoute des termes qui tendent vers l’obscénité. Le vocabulaire utilisé est gratuit et n’apporte rien de plus à l’histoire. Après 35 pages, la chair de poule sur les bras, j’ai abandonné la lecture. Je me suis demandé pour quelle raison un auteur insérait ce genre de phrases dans son texte… Est-ce de cette façon qu’on convainc les lecteurs récalcitrants? Est-ce que qu’on veut, justement, franchir l’interdit? Choquer? Plaire? Jusqu’où peut-on (doit-on) aller pour le faire? Je ne trouvais pas les réponses.

C’est après avoir vu beaucoup de photos mettant en vedette les romans de cette série sur Instagram que j’ai décidé de poursuivre ma lecture d’Hansel et Gretel et de lire les trois autres livres. Je voulais comprendre le phénomène. La vulgarité est bel et bien présente dans les autres contes interdits, mais à moins grande échelle. Malgré tout, le viol, la torture, la pédophilie, la violence (meurtres),le cannibalisme et la sexualité (scènes décrites avec beaucoup de détails) prennent place dans chacune de ces histoires. En fait, la majorité des passages descriptifs contiennent un vocabulaire vulgaire et les idées présentées sont souvent dégradantes envers les femmes (allusions aux différentes parties du corps, préjugés en lien avec leur rôle, etc.). Ce qui me dérange, aussi, c’est que dans Hansel et Gretel et dans Peter Pan, les « méchants » s’attaquent aux enfants. C’est dommage, car dans le deuxième livre, l’auteur a inséré une enquête policière intéressante, mais cette dernière est occultée par le volet sexuel des personnages.

Chaque année, je lis au-delà de 150 romans, dont le quart sont publiés en jeunesse. La majorité de ces derniers possèdent beaucoup de qualités et certains présentent des réalités plus difficiles telles que le viol, l’intimidation, la violence et l’inceste. Ces sujets doivent être abordés avec doigté et sensibilité, car ils peuvent toucher le lecteur parce qu’il a lui-même vécu ce drame, parce qu’il connait quelqu’un qui en a été victime ou tout simplement parce qu’il est sensible au propos. Par exemple, Patrick Isabelle, auteur de la trilogie Eux, Nous et Lui, aborde l’intimidation de façon crue, directe, sans filtre. J’ai eu la chair de poule quand j’ai lu ses romans. J’ai eu la chair de poule parce que la sensibilité et l’empathie présentes dans le récit touchent directement le lecteur. De la même façon, plusieurs titres de la collection Tabou présentent des thèmes et des scènes très dures, notamment dans Fille à vendre de Dïana Bélice, où sexualité et violence se mélangent, mais c’est fait dans le respect.

Bref, ces romans s’adressent réellement à un public averti. Pour toutes ces raison, nous avons décidé de ne pas vous parler d’Hansel et Gretel ni des autres contes interdits.

Vous avez lu un roman de cette collection? Vous avez une opinion différente? Racontez-nous!  

Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)
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Carolanne (23.11.17 à 15 h 30)

Pour moi, c'est livres s'adressent à un public adulte et c'était, selon moi, très clair. C'est livres m'ont tout de suite fait penser à Hell.com de Patrick Sénecal, alors c'était pour moi clair qu'il ne s'agissait pas d'un roman ado, surtout en lisant le résumé. Honnêtement, normalement je suis toujours d'accord avec vous, mais là je ne vois pas pour qu'elle raison on jugerait ce que lit un adulte. Cependant, je suis d'accord pour dire qu'il faudrait s'assurer que les ados ne confondent pas "Young adult" et "ado", mais en même temps aucun des ados de la bibliothèque scolaire où je travaille ne m'a parlé de ces livres...
Anne-Marie (12.02.18 à 16 h 55)

En aucun cas, ces livres sont présentés comme des romans pour ados, mais bien pour un publique adulte et avertis! Vous semblez oublier le véritable culte envers Patrick Senécal, qui a des scènes aussi dures et même plus dégueulasses. Lorsque j'étais libraire, on me demandait tous les jours «quelque chose comme Patrick Senécal». La demande est énorme en littérature d'horreur québécoise et justement, elle se développe bien depuis quelques années. Connaissez-vous le principe de l'exutoire? Vous devriez lire la préface de Senécal dans l'anthologie d'horreur Horrificorama ( ne lisez surtout pas les histoires! Vous seriez sérieusement offensée...)qui décrit très bien la chose. En finissant, je rappelle simplement que ces livres ne font pas la promotion des actes décrit, mais ils les dénoncent à leur façon.
Fanny (19.03.18 à 13 h 27)

Si vous ne voulez plus être choqué par des romans crus, vous n'avez qu'a lire les critiques avant d'acheter un livre!! Oui c'étair choquant, mais je crois que c'est le but de cette série de livre hen... Regarder Patrick Senécal ou Stephen King, ils ont souvent écrit pire et ils ne sont pas retiré des tablettes pour autant!! Je pense sincérement que votre révolte peut être évité si vous lisez les critiques avant.. Vous avez commencez les livres vous les avez fini aussi, alors vous n'avez qu'une personne a blâmer et c'est vous, pas cet auteur qui a fait son travail!!!
Maryka (30.04.18 à 13 h 32)

A la base , les contes mentionné ci-haut ont été écrit de cette façon. Peut-être moins intense, mais la belle-soeur de cendrillon se coupait un bout de pied pour entrer dans la chaussure de verre qui venait dégoulinante de sang .. Disney a embellie la chose pour les enfants, alors evidemment que les versions comme celle-là dérange!
Martin B. (19.05.19 à 12 h 20)

J’ai lu déjà 5 livres de cette fabuleuse série. En aucun cas cette série n’ est affiché comme pour jeunes lecteurs mais bien pour public averti. Oui c’´est cru et les descriptions n’ajoutent probablement rien à l’histoire mais c’´est bien écrit. Il faut donner crédit à ce regroupement d’auteurs. On a déjà été habitué à ce style par les livres de Patrick Senecal donc pourquoi s’offusquer?
Maude Lanoue (05.12.20 à 08 h 42)

Étant moi-même adolescente, ces mots selon moi sont placés pour nous choqué. J'adore cette série de roman et pourtant je ne suis en aucun cas fan de lecture. Ce sont les seuls livres que j'ai lus et qui m'ont vraiment accrochés.Les détails font en sorte que tu te fais vraiment des images qui sont souvent très choquantes et de cette façon, l'auteur peut garder leurs lecteurs concentrés sur l'histoire tout en se sentant à la place des personnages. Bien sûr, ce ne sont pas des mots super adaptés et qui ne rajoutent rien à la compréhension de l'histoire, mais comme il est écrit sur chaque livre, ce sont les contes interdits pour jeunes adultes, donc forcément on ne doit pas s'attendre à ce que tout soit rose dans ces livres.
Virg (07.02.21 à 22 h 04)

Moi j ai découvert cette série pas hasard. Alors oui c est cru et parfois dérangeant ,mais c est bien écrit, on accroche aux personnages. Je n ai pas trouvé hansel et gretel, mais il devrait-era nouveau disponible vers le mois de mars... en attendant je continue ma lecture
Stéphanie (10.08.21 à 11 h 27)

J'adore cette collection en 4 jours j'en ai lu deux la belle au bois dormant et blanche neige je file acheter deux autres ce jours don Et boucle d'or ..pour un public averti adulte et cérébralement accroché ..haha ce n'est absolument pas pour des ados ni jeune adulte trop trash mais trop bien
Nat (13.08.21 à 12 h 02)

Bonjour ,
Ayant acheté 2 tomes des contes interdits lundi matin à la fnac, une vendeuse m'a très clairement dit que c'était pour un public avertie et ranger dans la section adulte. Après il faut être bien accroché pour les lires en effets, traitant de sujets qui malheureusement existe encore à notre époque.
J'ai acheté "Boucle d'or" ainsi que "Rumplestiltskin", et je les ai finis.
J'ai sincèrement adoré la façon dont les écrivains on choisit de revisiter ces comptes.

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