La gagnante du Prix des Libraires Jeunesse pour les 12-17 ans catégorie Québec est la colorée Amélie Dumoulin, auteure de théâtre qui a fait une première incursion remarquée dans le monde de la littérature pour adolescents avec Fé M Fé.
C’est poussée par son amoureux qui lançait une maison d’édition électronique qu’Amélie Dumoulin, alors dans le monde du théâtre, a eu l’idée d’écrire de la littérature jeunesse, plus précisément un livre pour adolescents. Mais elle n’a pas eu à chercher l’inspiration puisque l’histoire de Fé M Fé lui est venue naturellement, un soir, avec le titre, le sujet, la suite même. Et c’est ainsi qu’elle a commencé à travailler, par fragments, comme pour le théâtre, mais dans une solitude qui lui faisait du bien parce qu’elle pouvait écrire sans compromis, en ayant complètement le destin de ses personnages entre les mains.
Bien que consciente maintenant d’être dans une niche bien particulière grâce au thème de l’homosexualité féminine développé dans le roman, Amélie Dumoulin n’a jamais vu cette histoire autrement que comme une histoire d’amour, tout simplement. Oui, c’est deux filles, mais ce n’est pas ce qui est important. « Il n’y a pas de comingout dans Fé M Fé. Quand Fé demande de l’argent à sa mère pour amener Félixe au resto, sa mère lui répond : Voici quarante dollars, bon souper avec ta copine. » Voulu ou non, ce thème est toutefois très important dans la réception de l’œuvre. « De nombreuses lectrices homosexuelles viennent me voir, me dire que mon livre leur plait, leur fait du bien. Certaines d’entre elles sont surprises de voir que je ne suis pas lesbienne. Je leur dis : Si j’écrivais un livre sur un camionneur, serais-tu surprise que je n’en sois pas une ? » Il faut dire que les livres qui présentent un couple homosexuel féminin sont rares, et encore plus rarement d’une aussi grande qualité. Gagnante du Prix des libraires jeunesse, Amélie Dumoulin a séduit son éditrice, Stéphanie Durand de Québec Amérique, mais aussi les critiques, les libraires et les lecteurs grâce à sa plume vive, colorée, imagée. « C’est en moi, je parle ainsi, je vis ainsi ». Montréal aussi s’est invité de lui-même dans le récit, prenant de plus en plus de place jusqu’à devenir quasiment un personnage. « Cet immeuble au 5454 de Gaspé dont il est souvent question, j’y ai travaillé pour le théâtre, j’entends encore les machines, je sens les odeurs. C’est sûr qu’il y a une partie de moi qui s’est invitée dans les descriptions, tout comme il y a une partie de ce j’ai vécu dans ce que vit Fé. Et, oui, Montréal prend une place importante, mais ça, c’est l’amour : quand on est en amour, le décor prend une autre couleur. Qu’on soit sur une plage, sur un bateau, dans une ville, tout parait plus important. »
Touchée par l’accueil des lecteurs au Salon du livre, Amélie Dumoulin, véritable artiste dans l’âme, planche déjà sur d’autres projets. Ce prix ne fait donc que renforcer son envie. On en est bien heureux, car son livre est un véritable coup de cœur !
Enfant, j'avais un rapport conflictuel avec la lecture et les livres, quelque chose d'émotif et de surchargé qui vient de ma mère, grande dyslexique. Je me souviens, en première année, à la bibliothèque, je sélectionnais les livres en fonction non de leur sujet, mais de leur épaisseur, les plus minces étant mes préférés. Les livres me faisaient peur, ou du moins m’impressionnaient, ils semblaient plus grands et plus intelligents que moi. L'écriture (hors école) elle, était une amie. J'ai écrit très tôt de la poésie que je ne montrais qu'à ma mère et à quelques amies. Par contre, lorsque j'ai compris le pouvoir de la lecture, vers 12-13 ans, j'y suis plongée à fond et depuis, il y a toujours un livre qui m'attend.
Je suis heureuse de faire partie de la même maison d'édition que Michèle Marineau parce que c'est son livre, Cassiopée - l'été polonais, qui m'a vraiment fait comprendre que la lecture pouvait être aussi une amie, une amie qui se confie, qui t’emmène en voyage, qui te donne accès à des mondes cachés. À partir de là, ça a déboulé très vite. Et il y a ce livre, intriguant, cette petite plaquette qu'un ami de ma mère avait oubliée chez-nous, L'étranger d'Albert Camus. Je ai commencé ce livre à 12 ans puis je l'ai abandonné très vite . Je l'ai relu à 15, sans succès, puis je l'ai relu à 17 ans et il a profondément changé ma vie : un véritable tremblement philosophique a suivi.
Je ne suis pas une grande lectrice au sens strict du terme. J'ai des ami(e)s (que j’envie énormément) qui lisent très rapidement, avec avidité, et en quantité industrielle. Certains sont à l'affut des nouvelles parutions, connaissent à fond leurs classiques, j'admire. Mais pour moi la lecture n'est pas un sport ou un concours! Je lis très lentement, principalement au lit, de jour comme de soir. J'ai toujours un livre « sur le feu », qui m'attend. Quand je le termine, il va vivre longtemps en moi, je le laisse flotter, je continue de me promener avec les personnages. Mais c'est vrai qu'il m'en faut toujours un, je ne peux pas supporter qu'il y ait un vide d'entre deux lectures.
Comme lectrice, je me donne tous les droits. Si un livre est chiant, je lui donne toujours une chance (parfois les bonnes choses demandent un peu d'effort). Je lui dis : « livre, je te donne 25 pages encore pour me convaincre sinon je te flush ! » C'est vrai, à la vitesse à laquelle je lis, si je veux parcourir tout ce qui m'intéresse, je dois être un peu « bitch » comme ça de temps en temps avec les livres. Et je ne suis pas bibliophile! Pour moi, les livres doivent circuler, être lus par un grand nombre. J'aime les prêter, les oublier, les donner, la bibliothèque municipale est mon amie. Chez moi, j'ai beaucoup de livres (mon chum encore plus), ils voyagent ou ramassent de la poussière, les plus populaires sont bien racornis. Par contre, il y a dans ma bibliothèque une petite étagère d'une vingtaine d'ouvrages tout au plus où l'on retrouve les livres les plus précieux à mes yeux. Ceux-là je les prête rarement, et je les relis. Ils n'appartiennent pas nécessairement à la grande littérature, ce sont simplement les livres qui raisonnent profondément en moi, qui ont marqué ma vie, et que je tenterais de sauver s'il y avait un incendie chez moi. Ils ont une valeur sentimentale importante et représentent, je dirais, la couleur de mon âme... je sais, c'est un peu ésotérique tout ça.
Ça c'est une question qui me donne envie de pleurer, c'est somme si on me demandait quel est mon enfant préféré ! Hé boy... S'il faut trancher, je vais y aller avec le livre qui se situe le plus près de moi, de mon cœur, mais je suis désolée d'en parler aux lectrices et lecteurs parce c'est un livre presque introuvable aujourd'hui. Ça s'appelle J comme Je et c'est de la bédéiste Julie Doucet. Elle a rédigé un roman en entier en collant des mots glanés dans des revues et des journaux. C'est une sorte de livre total, à la fois visuel, poétique et autobiographique. Elle y raconte son enfance à St-Lambert (comme moi), sa famille, ses chagrins d'école, la naissance de sa sexualité, sa quête d’identité. Je m'y retrouve à chaque page et je suis impressionnée par tout ce qu'elle arrive à évoquer avec ces simples petits bouts de mots mis bout à bout. Je fais d'ailleurs référence à Julie Doucet dans Fé M Fé. Fé emprunte sur l'étagère du salon de coiffure L'école de l'amour, un ouvrage plus court de Julie Doucet, qui traite de la désillusion amoureuse, encore avec des mots collés.
Mais je n'ai pas parlé de Valère Novarina, l'auteur pour lequel j'ai consacré deux ans de ma vie en maîtrise à l'université, ni de Miranda July, nouvelliste américaine que j'adore!!!
À part Cassiopée et L'étranger, j'adoré les nombreux récits de marins de Jack London. Plus tard j'ai appris que beaucoup des ces courtes histoires étaient des allégories qui questionnaient la théorie Surhomme de Nietzsche. Mais pour moi à l'époque, c'était surtout très exotique et chargé d'images fortes de mer en furie et de vie d'aventure. À 14 ans, je voulais être marin!
Je ne suis jamais loin de mes livres de poésie, en ce moment je lis tout tranquillement les magnifiques et grinçants poèmes de Patrice Desbiens, son dernier, Vallée des cicatrices. Sinon, je lis des romans jeunesse, histoire de me faire une culture en quatrième vitesse !
Au lit! Je suis un chat, j'ai un besoin constant de m'évacher de tout mon long pour flâner en me laissant dorer par les rayons du soleil. De toute façon, avec trois petits garçons qui courent partout chez nous, ma chambre est encore le dernier endroit dans la maison qui n'a pas été touché par une guerre de Legos, un assaut de pâte à modeler, ou une embuscade de toutous.
Je serais un livre d'amour, j'imagine, un peu ennuyeux quand même parce que la fille, ça fait 22 ans qu'elle tripe sur le même gars! Mais mon chum lui dit que je serai plutôt un livre rempli de chats, de collages, de gribouillis et de bouts de poèmes... ça me va aussi!
Je commence tout juste à explorer le champ de la littérature jeunesse, et c'est comme dans la vie, il y a plein de trucs nuls (à mon goût) et une poignée de petites perles. Sur ma table de chevet en ce moment il y a un livre qui s'intitule « Le ciel est partout » de Jandy Nelson. Je me reconnais dans le ton et l'évocation, c'est aussi une histoire d'amour et deuil, comme dans Fé, j'aime ça! Sinon il y a un livre qui m'a plu, un peu plus éloigné de Fé M Fé, ça traite d'art, de liens familiaux et d'exode des campagnes, mais c'est vraiment lumineux. Ce roman met en scène des personnages colorés et sympathiques qui m'ont inspirée pour l'écriture de Fé. Ça s'appelle Le Crime parfait et c'est de Frank Cottrel Boyce.
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