Les dystopies à l'ère de Trump... en jeunesse aussi !

 
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30 avril 2017

Le matin où je me suis réveillée en constatant que Trump avait été élu, ma première pensée a été pour le recueil de nouvelles On n'a rien vu venir, publié aux éditions Alice, où, dès le lendemain de l'élection du Parti de la Liberté (qui a dit vouloir éliminer le chômage en redonnant les emplois aux "vrais" habitants et fermer les frontières), les choses changent radicalement. 

« - Au moins, a murmuré papa, si la situation dégénère encore plus, notre famille ne risque pas grand chose. Heureusement pour nous, on est français depuis belle lurette. - Pardon? s' est écriée Léonie.

"Heureusement pour nous"? Alors que Walid et Samia habitent juste à côté? Eux, "malheureusement", ça ne te dérangerait pas qu'ils soient menacés? »

Ce roman choral qui vise un public de 10 ans et plus (mais convient très bien aussi aux plus vieux) est terrifiant parce qu'il met en scène une dérive tout à fait crédible. On est dans un monde dystopique très près de nous, potentiel avec tout ce qui arrive... 

Les dystopies en littérature pour adolescents sont nombreuses et vont rejoindre un large lectorat, notamment parce qu'il y est souvent question de rebellion contre le pouvoir et qu'elles viennent toucher de multiples cordes sensibles chez leurs lecteurs. À l'occasion de l'article de La presse sur le retour des dystopies visant un public adultes, j'ai eu envie de faire aussi un tour d'horizon sur les univers que proposent celles pour adolescents.

Au Québec, Jean-François Somain a inventé un monde où, pour réguler le nombre d'humains sur Terre, le Ministère de la Politique humaine décide d'éliminer un certain nombre de personnes avec des crières tout à fait aléatoire et toute la population est invitée à participer à cette purge. Il y a eu l'élimination des trente-cinq ans quelques années auparavant et, au moment où le roman commence, il s'agit de tous ceux dont le nom de famille commence par un F. Charmant.

Stéphane Achille, lui, dans l'Heptapole, a imaginé un univers où les femmes ont complètement disparu (sauf pour les besoins de reproduction, dans un centre fermé) et où l'éducation n'a pas sa place, car elle amène les gens à penser d'eux-mêmes. 

Dans l'excellente trilogie L'élite, Joëlle Charbonneau a plutôt imaginé un monde qui ressemble à celui présenté dans Hunger Games, avec une Élite qui vit dans une région centrale et est aidée par les Régions. La différence est toutefois que tous les dirigeants de ce monde doivent passer par une école spéciale où on teste leurs capacités et leur moralité... du moins leur capacité de bien intégrer la maxime « La fin justifie les moyens ». C'est brutal, mais aussi plausible. Donc terrifiant.

Il y a bien sûr le classique Le passeur, qui propose un univers où tout est régi, de l'âge de la première bicyclette au métier futur en passant par la « cellule familiale », le nombre d'enfant, la nourriture ingérée chaque jour, et où un seul humain porte la mémoire du monde en lieu, se rappelant de ce que c'était avant, dans un univers en couleur, dans un univers avec des sentiments.

Cette question de sentiment revient souvent, généralement évoquée pour indiquer qu'ils nous entrainent sur la mauvaise voie, faussent notre jugement et mènent aux déchirements, aux guerres. L'amour est visé particulièrement dans Délirium. Lauren Oliver a ainsi imaginé un monde où l’amour est considéré comme une maladie et dans lequel, à 18 ans, tous les adolescents doivent subir le Protocole qui les immunisera. Sympathique.

Dans Effacée, on peut faire une remise à neuf de la mémoire d'un adolescent qui oserait se rebeller, et ainsi le refaçonner avant de le placer dans une nouvelle famille où il pourra s'épanouir... dans les limites de ce que la société accepte. Une manière comme une autre de s'assurer que tous suivent le bon exemple...

Je pourrais continuer longtemps, des sociétés du genre, il y en a des dizaines en littérature ado et jeunes adultes, comme si on aimait se faire peur... 

Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)
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