Voilà, l'été arrive à grands pas, on est dans les révisions et les examens (allo, la correction!) et on pense avec envie à ces semaines de congé qui nous attendent. Comme congé rime pour moi avec lecture, je vous présente donc trois « valises » thématiques, une pour le deuxième cycle du secondaire, une pour le premier cycle du secondaire et une pour le troisième cycle du primaire, avec des lectures qui me semblent marquantes, intéressantes, qui pourraient nourrir vos élèves de l'an prochain ainsi que appétit littéraire estival. Voici donc la première, les deux autres suivront !
Bonne lecture !
C’est la forme qui fait d’abord l’attrait de ce livre : avec la mode des podcasts (notamment ceux qui traitent justement d’enquêtes), c’est étonnant que si peu de livres empruntent cette forme d’écriture qui est pourtant particulièrement efficace. Si on est dans la fiction, cette voix de journaliste nous donne l’impression que le récit est réel et donne d’autant plus de relief à l’histoire.
Le roman est séparé en deux parties qui s’entrecroisent, deux temporalités différentes : celle de Sadie, qui part à la recherche de son ex-beau-père, certaine qu’il a tué sa sœur, puis celle de West McCray, quelques mois plus tard, qui raconte sous forme de retranscription de podcast (avec des entrevues et des comptes-rendus) ses recherches sur la jeune femme. En espérant la retrouver avant qu’il soit trop tard. Cette alternance crée une tension certaine, rendant la lecture captivante, haletante.
Il m’a fallu une cinquantaine de pages pour accrocher, mais quand ce fut fait, je n’ai pas pu m’arrêter de lire. Parce que l’histoire est forte, parce que le personnage principal est tout de suite accrocheur, parce que le récit glace les os, mais fascine aussi. C’est une histoire terrible, parce que fictive, mais basée sur des faits réels. Et qu’on ne peut que frissonner en voyant à quel point l’être humain peut dériver…
Il y a d’abord l’histoire, forte, avec un Will complètement anéanti par la mort de son frère (lui qui a déjà perdu son père et tant d’autres connaissances), qui se raccroche à ce qu’il croit être son devoir : la vengeance. Mais sa descente dans l’ascenseur remettra en doutes les fondements mêmes de son existence, mettant à jour le cercle vicieux de la violence, sans tomber dans la morale, grâce à l’arrivée de ces personnages, tantôt doux, tantôt percutants.
Puis il y a la forme. D’abord la traduction d’Insa Sané, un maitre des mots, slameur français, qui arrive à si bien rendre le propos. Puis la forme des vers (certains plus poétiques que d’autres) qui élaguent l’histoire en ne gardant que sa substance, et encore cette idée de l’ascenseur et du rappel du temps qui passe avec le décompte des secondes, à peine une minute alors qu’il se déroule tant de choses dans ce huis clos.
J’étais absolument emballée quand j’ai découvert que Marine Carteron « s’attaquait » à une relecture des Dix petits nègres, pour ados, reprenant la trame du célèbre roman d’Agatha Christie pour le mettre à sa sauce. Et je n’ai pas été déçue du tout. C’est sûr que c’est un récit qui ne fait pas dans la demi-mesure, plusieurs scènes vont loin dans la violence, mais il est aussi absolument captivant.
[Billet de Geneviève] Les ouvrages qui contiennent de la poésie ne figurent pas parmi mes préférées, mais je suis littéralement tombée sous le charme de Dans le cœur de Florence. Cette adolescente se livre sans retenue, et ce, en maitrisant l’art de choisir les bons mots pour créer des passages savoureux qui marient sensibilité, humour et colère. D’ailleurs, l’autrice, Lucie Bergeron, a réussi de main de maitre à laisser toute la place à son personnage, car dès les premières pages, on croit aux mots de cette jeune femme qui cherche sa place. Entre sa vie familiale parfois chaotique, son adaptation à la vie à la campagne et les soubresauts de l’amour qui se pointent à l’horizon, Florence navigue sur ces vagues qui parfois la rapprochent ou l’éloignent de ses désirs.
Dès le premier chapitre, le lecteur comprend l’intensité du suspens que promet Pilleurs de rêves. Alors que les Recruteurs traquent Frenchie et son frère Mitch, ce dernier utilise tout son cran pour se livrer avec fracas et ainsi permettre à son protégé de fuir. Frustration, tristesse et désarroi de voir son frère disparaitre dans un pensionnat; haine envers les Recruteurs et le gouvernement; violence des mots et des idées… voilà quelques émotions que Frenchie partage avec les lecteurs. Personne ne sera ménagé dans cette histoire! Décidément, Pilleurs de rêves marque par l’obscurité de certaines scènes. Quelquespassages font surgir de fortes émotions négatives. D’autres, une profonde répugnance face à un manque d’humanisme et face à une violence sauvage. D’autres encore sont simplement écoeurants, comme la scène qui raconte le viol de Wab, une fille du groupe de Frenchie. Une telle violence est-elle nécessaire? La question est légitime, mais, la dureté des évènements et des propos m’a toujours ici semblé justifiée par la quête d’authenticité : l’histoire nous enseigne en effet la possibilité de telles dérives humaines.
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Bonjour!
Merci pour les billets et les multiples idées de lecture que votre site nous propose!
Je ne comprends pas bien la concession qui apparait au tout début du billet concernant "Dans le coeur de Florence": vous dites "Les ouvrages en prose ne figurent pas parmi mes préférées"... mais vous lisez des piles et des piles de romans...?? Merci d'éclairer ma lanterne!
Maud.
Réponse de Sophie : C'est un texte de Geneviève qui a été corrigé depuis, elle voulait parler de poésie :)