Voilà, l'été arrive à grands pas, on est dans les révisions et les examens (allo, la correction!) et on pense avec envie à ces semaines de congé qui nous attendent. Comme congé rime pour moi avec lecture, je vous présente donc trois « valises » thématiques, une pour le deuxième cycle du secondaire, une pour le premier cycle du secondaire et une pour le troisième cycle du primaire, avec des lectures qui me semblent marquantes, intéressantes, qui pourraient nourrir vos élèves de l'an prochain ainsi que appétit littéraire estival. Dans ce cas-ci, j'ai fait attention à la diversité avec une BD et un album. Bonne lecture !
Avec Kid, Amélie Dumoulin brille par son originalité en abordant de façon douce et imagée les thèmes que sont l’amour et l’affection nécessaires à un enfant – ou à tout être humain – pour s’épanouir. C’est une œuvre à lire et à faire lire pour aborder la maltraitance, bien sûr, mais aussi la richesse de ceux qui nous entourent et qu’on ne voit parfois pas dans le tourbillon de nos vies. Kid invite à ouvrir l’œil, à s’arrêter et à prendre soin de tous ceux qui, de près ou de loin, en ont besoin. On a rarement vu plus essentiel et encore plus à l’époque qui est la nôtre. Coup de cœur pour cet ovni littéraire qui nous sort de notre ordinaire.
Les grands fans des romans de ce genre pourront déceler plusieurs emprunts et clins d’œil à d’autres univers connus, mais il en ressort tout de même une impression d’originalité, amplifiée par le personnage de Morrigan, une jeune héroïne surprenante. Elle n’est pas dotée de superpouvoirs (ni même de malédiction), elle n’a pas une fâcheuse tendance à la maladresse, elle n’est pas spécialement rusée, c’est une héroïne tout à fait « ordinaire » qui va démontrer de grandes qualités au fur et à mesure de l’intrigue. Toutefois, Jupiter lui vole tout à fait la vedette chaque fois qu’il apparait. Mystérieux, décalé, amusant, le personnage l’entraine souvent dans des aventures rocambolesques et semble receler de nombreux secrets, ce qui nourrit l’intrigue.
La grande force de l’autrice canadienne Susin Nielsen, ce sont les nuances. On croit tout de suite à ses personnages, tant les enfants que les adultes, et elle évite les clichés dans cette histoire qui est toujours sur le fil, un peu à l’image de Félix et Astrid, sa mère. Ça démarre en force avec la scène du poste de police, puis on revient en arrière en sachant que la situation va se dégrader. On suit ainsi Félix et sa mère dans leurs appartements de plus en plus petits, puis dans ce qu’ils essaient de déguiser en aventure, cette vie dans un Volkswagen qui ne sera pas de tout repos.
Même si les dystopies sont moins nombreuses cette année que dans les saisons littéraires passées, elles sont toujours à la mode. Après La révolte des Valtis, en voici une deuxième en bande dessinée et celle-ci a des airs de nouveauté parce qu’on a ici deux visions qui s’affrontent à l’intérieur d’une même famille et que le personnage principal, au lieu d’être celui en rébellion, est celui qui veut rester dans le rang, respecter la tradition.
Si j’avais peur de l’aspect très « marketing » de la sortie de ce livre, j’ai été rapidement rassurée : aucun remplissage ici, juste un nouveau chemin pour ces personnages qu’on découvre de l’intérieur, chacun avec sa façon bien à soi de s’exprimer (et c’est une des qualités du roman : chacune des personnalités transparaissant à travers l’écriture, on les distingue aussi bien à l’écrit qu’à l’écran), chacun avec son histoire personnelle : Agathe qui en veut à son père d’être si peu présent et de ne pas partager avec elle des souvenirs de sa mère, qui vit une grande et belle histoire d’amour, mais ne sent pas prête pour sa première fois et a peur du rejet ; Marie qui envie Agathe et sa façon de briller, d’attirer les regards, de foncer, qui s’éprend d’un vendeur d’article de sports, mais ne sait pas trouver les bons mots pour l’attirer ; Wendy qui vit un été d’espoir et de liberté, à faire des listes, à réconforter les autres, à rêver que cette hétéro du Mcdo change d’idée.
Ce livre est d'abord paru au Québec en 2014 sous le titre Le voyage (avec une couverture dont je doutais beaucoup) et n'avait pas eu le retentissement qu'il méritait. Parce que cette histoire est extraordinaire. J'étais donc ravie de le voir réapparaitre au Rouergue, cette fois avec une couverture à la hauteur du récit, à la fois mystérieuse et fascinante, et un travail d'édition extraordinaire qui a permis de mettre en valeur la plume de Pascale Quiviger tout en éliminant certaines inégalités. Ne restent donc que sa forte capacité d'évocation, ses métaphores (nombreuses, si vous n'aimez pas, fuyez) et ses répliques incisives.
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